Ressources numériques en sciences humaines et sociales OpenEdition Nos plateformes OpenEdition Books OpenEdition Journals Hypothèses Calenda Bibliothèques OpenEdition Freemium Suivez-nous

Un monde qui bâtit sa propre chute

Chaque mois, l’équivalent d’une ville comme New York s’élève sur Terre. À première vue, ce développement semble incarner le progrès scientifique et technologique : des infrastructures modernes, des conditions de vie améliorées, et une réponse à des besoins croissants. Mais cette frénésie constructive cache un paradoxe inquiétant : et si ce que nous appelons “progrès” n’était qu’une illusion masquant des dégâts irréversibles ?

Imaginez-vous devant un vieux canapé. Il est usé, inconfortable, mais vous continuez à vous y asseoir. Pourquoi ? Parce que le changer demanderait de l’effort, de l’argent et un peu de désordre. Ce phénomène, appelé inertie psychologique, s’applique à des choix beaucoup plus vastes, comme la gestion des ressources naturelles.

Chaque bâtiment, chaque route contribue à fragmenter des habitats, émettre du CO₂ et accélérer le réchauffement climatique. Pourtant, ces constructions se poursuivent, motivées par des besoins immédiats : loger des populations, créer de l’emploi, répondre à la croissance économique. Ce cycle alimente un cercle vicieux :  en cherchant à résoudre des crises à court terme, nous aggravons les problèmes à long terme.

Dans la gestion des ressources, des solutions existent, mais leur adoption reste entravée par des habitudes. Des innovations, inspirées du biomimétisme, permettent aujourd’hui de réduire de moitié l’énergie nécessaire au dessalement de l’eau de mer. Mais malgré leur potentiel écologique et économique, ces technologies peinent à s’imposer face aux méthodes traditionnelles, coûteuses et énergivores.

Le véritable obstacle n’est pas l’absence d’innovation, mais l’ancrage dans des habitudes difficiles à briser. Comme le vieux canapé, nous savons que le système actuel est inconfortable pour l’avenir, mais nous le conservons par habitude.

Les hyperobjets, concept développé par le philosophe Timothy Morton, désignent des phénomènes si vastes, complexes et étendus dans le temps et l’espace qu’ils échappent à notre compréhension. La pollution mondiale, la crise de l’eau, ou encore le réchauffement climatique en sont des exemples frappants : nous savons qu’ils existent, mais leur ampleur dépasse souvent notre perception.

Avec le réchauffement climatique, les preuves sont partout. Hausse des températures, fonte des glaciers, intensification des événements climatiques extrêmes. Pourtant, sa véritable ampleur reste difficile à appréhender. Ce phénomène agit sur des échelles de temps et d’espace qui dépassent notre quotidien.

L’aveuglement face aux hyperobjets et la résistance au changement retardent des solutions qui pourraient transformer nos sociétés. Des exemples inspirants montrent qu’un autre modèle est possible. À l’échelle mondiale, des initiatives comme The Ocean Cleanup, qui s’attaque à la pollution plastique des océans, illustrent comment l’innovation peut répondre aux défis actuels tout en anticipant les besoins des générations futures.

Sophie Böttcher et Lauryne Calascention


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
sophie bottcher (20 décembre 2024). Un monde qui bâtit sa propre chute. Le Grand public. Consulté le 10 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12zd5


Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.