Science et climat : sortir du piège technologique
Le changement climatique, crise globale affectant tant l’humanité que la biodiversité, réclame des actions urgentes et concrètes. Lors de la COP29, qui s’est tenue en novembre 2024 à Bakou, en Azerbaïdjan, plusieurs discussions et exemples concrets auraient mis en lumière un dilemme majeur : la recherche scientifique peut-elle contribuer efficacement à résoudre la crise climatique ? Où risquons-nous de nous enfermer dans une dépendance excessive aux solutions technologiques, retardant ainsi les actions essentielles ?
Le solutionnisme technologique
Le solutionnisme technologique, désignant une foi dans les technologies pour résoudre les crises environnementales, a occupé une place notable dans les débats de la COP29. Des technologies comme le captage et stockage du carbone (CSC), la géo-ingénierie ou encore l’énergie nucléaire de nouvelle génération figureraient parmi les solutions envisagées. Toutefois, elles poseraient des questions complexes : efficacité, coûts exorbitants et capacité à répondre à temps à l’urgence climatique. Des chercheur·euses mettent en garde contre une trop grande dépendance à ces approches, pouvant détourner l’attention des actions nécessaires à court terme.
L’océanographe Véronique Carignan déplore dans une tribune que les chercheur·euses, en quête de financements, s’éloignent des solutions locales au profit de projets technologiques coûteux et éloignés des réalités. Un article du Monde souligne que l’innovation technologique, bien qu’importante, ne peut à elle seule résoudre les défis climatiques sans des transformations profondes et urgentes de nos modes de vie.
Certaines technologies, comme le captage et stockage du carbone, bien qu’elles présentent un potentiel, demeurent marginales. Elles pourraient également être utilisées pour légitimer des activités polluantes, selon une analyse d’experts.
La science face à un contexte hostile
En parallèle, les scientifiques du climat se retrouvent confrontés à des défis croissants, non seulement technologiques, mais aussi politiques et sociaux. Selon une enquête du journaliste Mathieu Goar pour Le Monde, les climatologues font face à une montée des attaques alimentées par la désinformation et les lobbies industriels, un phénomène qu’il qualifie d’ “armée du doute”. Ces campagnes fragilisent la confiance en la science au moment où elle est cruciale pour guider les actions climatiques. Malgré la robustesse des données, les climatologues doivent constamment défendre des faits établis face à cette “armée du doute”. Cette atmosphère hostile rend d’autant plus urgent le repositionnement de la science vers des actions concrètes, enracinées dans les réalités sociales et locales.
Un changement de cap pour 2025 ?
À l’aube de 2025, il apparaîtrait crucial que la recherche scientifique se réoriente. Au-delà des avancées technologiques, elle devrait soutenir des initiatives locales et collaboratives tout en favorisant des changements comportementaux et structurels. La COP29 aura ainsi illustré un consensus émergent parmi les experts : si l’innovation est nécessaire, elle ne pourrait remplacer l’urgence d’une transformation profonde de nos systèmes de production, de consommation et de transport.
Ce point de vue s’accorde avec les propos de nombreux experts, selon lesquels les promesses technologiques ne devraient pas devenir une excuse pour retarder des actions indispensables. Une transition écologique réussie implique une approche pragmatique, conjuguant innovation et transformation sociale, tout en évitant les illusions liées à des « solutions miracles ».
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Emma Borges (20 décembre 2024). Science et climat : sortir du piège technologique. Le Grand public. Consulté le 16 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12zd1