« Survivre ? Non, moi je m’entraîne à VIVRE en forêt »

Au cœur du vieux Langensoultzbach, nous rencontrons Léonardo Bernard, formateur en secourisme et expert en bushcraft, l’art de vivre en forêt. Ce passionné nous dévoile les bases scientifiques et humaines de ses techniques de vie avec la nature.
À 34 ans seulement, Léo compile un gros parcours à l’armée et un éventail complet de diplômes en secourisme. Sa vocation ? Transmettre des savoirs essentiels pour affronter l’imprévu. Des premiers soins à la construction d’abris, en passant par d’autres essentiels de la vie en forêt, l’instructeur tente de rendre hommage à un mode de vie simple qui nous reconnecte à nos instincts.
“Survivre, seul, c’est impossible”
En arrivant dans la forêt, Léo insiste sur un point bien précis : « Il ne faut pas se raccrocher au légendaire “oui, je m’entraîne à survivre”, non, moi, je m’entraîne à “vivre” en forêt ». Il déconstruit ainsi les clichés du survivaliste solitaire, prônant l’entraide et la complémentarité des compétences. Dans l’idée du chercheur validé par ses pairs, chaque sortie en forêt est pour lui une opportunité d’andragogie*, l’idée d’apprendre en se basant sur des connaissances antérieures
Une journée au cœur du bushcraft
Armé d’un kit minimaliste répondant à la règle des 5C : Couper, Contenir, Couvrir, Cordage, Combustion ; Léo nous emmène à travers les fourrés pour nous apprendre à lire la nature. « Les gens marchent, regardent, mais n’observent pas, manquant alors l’essentiel autour d’eux », souligne-t-il. Selon ses conseils avisés, nous apprenons à trouver un emplacement d’abri loin des marques de passages récurrents d’animaux et des hostilités du territoire. L’exercice continue avec la fabrication d’un toit avec un poncho et des cordages, puis l’allumage d’un feu avec du bois humide. Le premier s’aborde facilement, avec des nœuds précis et adaptés à la tâche, l’autre se montre bien plus laborieux.


Un art complexe ET nécessaire
Faire du feu permet de se réchauffer, de cuire des aliments et d’avoir une source de lumière inestimable en situation de survie. Mais cette tâche n’est pas à la portée de toutes et tous, en particulier s’il a plu récemment. Léo nous révèle alors sa technique. « Le bois mouillé garde un cœur sec », explique-t-il après avoir fendu quelques bûches avec son couteau. Il gratte alors l’intérieur pour obtenir une fine poussière inflammable sur une pochette de cuir, l’isolant du sol humide. En taillant de fins copeaux et des bâtons en plumeaux appelés feather sticks, de façon à maximiser l’oxygénation, il montre l’importance de la préparation. C’est alors qu’il racle une pierre à briquet en ferrocerium* avec son couteau, une étincelle jaillit et la poussière s’enflamme. Il dispose ensuite copeaux et feather sticks en contact avec la flamme, mais pas dessus, pour ne pas bloquer l’apport d’oxygène. Ce savoir technique se transforme alors en une démonstration impressionnante de simplicité et d’ingéniosité.
Un formateur réfléchi et engagé
La formation que Léo propose va au-delà des techniques. Il met un point d’honneur à cultiver un échange intergénérationnel précieux. Il forme des jeunes comme des vieux aux meilleures pratiques de la vie en forêt en étant persuadé que même avec un grand fossé générationnel, on reste capables de s’instruire tous ensemble.

À travers ses formations, Léonardo Bernard partage bien plus que de simples astuces de bushcraft. Il transmet une philosophie : celle de retrouver l’essentiel, en pleine nature comme dans la vie.
Pour aller plus loin :
- Andragogie : par opposition à son analogue, la pédagogie, qui s’adresse aux enfants, l’andragogie est plus avancée et s’adresse aux adultes en se focalisant sur les expériences antérieures.
- Feather Sticks : des bâtons, dont la pointe est taillée en fines lamelles pour maximiser l’oxygénation et permettre une combustion plus facile.
- Ferrocerium : alliage de métaux engendrant une gerbe d’étincelles lorsqu’il est frotté contre une surface rugueuse et suffisamment dure.
Et si ça vous tente, Léo a une page Instagram qui s’appelle Kitsu-Instinct sur laquelle vous pouvez en apprendre encore plus sur le bushcraft et le secourisme en zone isolée !
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Axel RYMAR (4 décembre 2024). « Survivre ? Non, moi je m’entraîne à VIVRE en forêt ». Le Grand public. Consulté le 11 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12tn9