La saison des soutenances de thèse

Depuis quelques temps, je reçois des invitations d’anciens collègues doctorants à fêter un envoie de manuscrit ou assister à une soutenance de thèse et aux festivités qui la suivent. Et j’ai repensé avec nostalgie à cette période de l’année où les manuscrits s’achèvent et les soutenances s’enchaînent. D’abord à la saison 2019, quand je suis arrivée au laboratoire de physique et chimie des matériaux de Strasbourg, et que j’ai assisté aux soutenances avec plus de curiosité qu’autre chose. Puis à la saison 2020, avec ses soutenances en visio et ses pots de thèse interdits à cause de la pandémie. Le stress s’est invité lors de la saison 2021, car j’étais dans la prochaine promotion. Et enfin, la saison 2022. La panique.

Il faut finir ses expériences pour que les projets soient bouclés au mieux, écrire un manuscrit qui raconte une histoire, ce qui implique parfois de ne pas y mettre plusieurs travaux qui étaient exploratoires, n’ont pas marchés ou ne s’intègrent tout simplement pas dans la narration, choisir son jury, ce qui peut se révéler un véritable casse-tête, finir le manuscrit un certain temps avant la date de soutenance, et enfin, l’envoyer. Mais ça ne s’arrête pas là ! Il faut encore préparer la soutenance, et tout ce qui va autour ! Car cet oral, où nous avons 45 minutes pour présenter nos travaux avant de répondre aux questions du jury, n’est pas vraiment le grand final de ces trois ans de travail acharné. Il y ensuite le pot de thèse, pour fêter l’événement au sein du laboratoire. Et, dans tous les laboratoires de physique, chimie ou biologie où j’ai pu mettre les pieds ou dont j’ai entendu parler, l’apothéose, la fin de la fin, le vrai grand final c’est… le bar de thèse ! Ainsi, pendant plusieurs semaines, les doctorants jonglent entre réunion avec leurs encadrantes et encadrants, prévision du buffet en demandant aux anciens combien de bouches et de bouteille de champagne prévoir, organisation de la venue de la famille et des amis, réservation du bar, et même, parfois, gestion de la cagnotte et des traditionnels cadeaux de thèse de leurs camarades devenus des amis. 

Joëlle Bizeau à son pot de thèse, portant fièrement le chapeau de diplômé personnalisé

En 2022, j’ai passé mes journées de septembre à décembre à la paillasse et mes soirées à analyser les données pour pouvoir écrire mon manuscrit. J’ai passé la veille de ma soutenance à courir partout pour faire les courses, aller chercher ma famille à la gare, cuisiner pour le buffet, écrire mes remerciements tout en sachant que j’aurais peine à les lire à cause de l’émotion. Pendant cette période plus que pendant toute la thèse, j’ai ri, j’ai pleuré, je me suis arraché les cheveux devant des manipes ou en cherchant des sources biblio, j’ai fait 12 000 pas par jours pendant plusieurs mois, j’ai atteint des niveaux de stress insoupçonnables… Mais si c’était à refaire, je le referai. Je reprendrai même la cuite monumentale du lendemain de mon bar de thèse ! 

Alors, si jamais un de vos proches, famille ou ami, est dans cette phase de sa thèse, n’hésitez pas à fêter toute petite victoire avec lui, à lui envoyer des bonnes ondes, même un petit message d’encouragement. Et si vous êtes doctorante ou doctorant : courage, je vous assure que ça en vaut la peine !