Être parent et séropositif : un problème social et médical

@Sarah Journée

En 1983, le virus responsable du sida est découvert. Cette nouvelle maladie semble d’abord toucher les homosexuels. De ce fait et à cause du rejet social des parents homosexuels, la question des parents séropositifs est peu évoquée. Dans le cadre des 40 ans de la découverte du VIH, retraçons l’histoire des avancées médicales pour permettre aux séropositif·ves de devenir parents.

Contexte historique

Fin des années 70, le centre de contrôle des maladies d’Atlanta met en évidence une maladie inconnue qui touche principalement les hommes homosexuels. Dès 1982, on découvre que cette maladie est sexuellement transmissible. En 1983 Françoise Barré-Sinoussi de l’Institut Pasteur met en évidence le virus du VIH. En 1987, les médecins s’aperçoivent que l’allaitement peut transmettre le VIH à l’enfant. De plus, l’espérance de vie des malades étant très courte (une dizaine d’années), il est vivement conseillé aux personnes séropositives d’avoir des relations sexuelles protégées et de ne pas avoir d’enfant.

Les premières avancées médicales

En 1992, l’équipe italienne, menée par le docteur Semprini, met en place une technique de lavage de sperme qui permet d’isoler les spermatozoïdes sans traces de VIH. Le premier enfant à naître de cette technique en France voit le jour en 1999. En 1996, les premiers traitements apparaissent permettant de rallonger la durée de vie des malades ce qui change la vision sociale sur les parents séropositifs (Al-Khan et al., 2003).

Et maintenant en France

Malgré l’autorisation en 1680 de l’assistance médicale à la procréation (AMP) en France, l’AMP pour les femmes séropositives n’est autorisée en France qu’en 2001 (Journal officiel, 2001), car il est découvert que la transmission mère-enfant est faible. En 2008, puis en 2012, de nouveaux traitements sont découverts : ils permettent d’empêcher la transmission du virus. Grâce à eux, aujourd’hui les médecins conseillent, avec un suivi médical, la procréation par voix naturelle. (Morlat, 2018).

Et ailleurs ?

La lutte contre le VIH est très inégale entre les pays. Par exemple en Afrique, d’après ONUSIDA, malgré la prise de traitement par 82% de séropositif·ves, un tiers des nouvelles infections ont quand même lieu chez des enfants. Au vu de ces avancés, certes importantes mais inégales, il est légitime de se demander si l’objectif zéro sida en 2030 n’est pas une utopie.

Références

Arcat, Groupe SOS. (2008). « Avoir un enfant lorsqu’on est touché par le VIH ». [Rubrique] Infos Santé. https://www.arcat-sante.org/infos-cles/vih/avoir-un-enfant-lorsquon-est-touche-par-le-vih/ (Consulté le 26/11/23).

Goeb J-L., Férel S., et al. (2009). « Assistance médicale à la procréation : quand l’homme est séropositif vis-à-vis du virus vih ». La psychiatrie de l’enfant (52). 63-88.

Institut Pasteur. (2023). « 40 ans de découverte du VIH : le virus responsable du SIDA est identifié le 20 mai 1983 ». Le Journal de la recherche. https://www.pasteur.fr/fr/journal-recherche/actualites/40-ans-decouverte-du-vih-virus-responsable-du-sida-est-identifie-20-mai-1983 (Consulté le 26/11/23).

Morlat P. (dir.). (2018). Désir d’enfant et grossesse, Prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH, recommandations du groupe d’experts [Dossier de recherche]. https://cns.sante.fr/wp-content/uploads/2017/11/experts-vih_grossesse.pdf (Consulté le 26/11/23).

Stricot, M. (2021). « De l’angoisse à la lutte, une histoire du sida ». CNRS Le journal. https://lejournal.cnrs.fr/articles/de-langoisse-a-la-lutte-une-histoire-du-sida (Consulté le 23/11/23).